Paris, 28 juin 1881, mardi matin, 7 h.
Cher bien-aimé, je suis bien sûre cette fois-ci de ne m’être pas trompée en ouvrant ta fenêtre à six heures moins un quart et en la refermant une heure après ; non sans avoir constaté chaque fois, avec plaisir, que tu dormais comme un loir. C’est ce que tu peux faire de mieux d’ailleurs, en ce moment où il pleut une petite pluie froide et drue comme une pluie d’automne. À ce propos, je te fais souvenir qu’il faut cherchera l’acte d’Angelo que Paul Meurice attend [1] et l’écrire toi-même à Magnier de L’Événement car il ne peut pas ignorer que tu as fait cet honneur pour le même motif à deux de ses collaborateurs, Monselet et Vitu. Ton abstention vis à vis de lui en cette circonstance serait des plus désobligeante et toute ma rhétorique personnelle ne la voilerait pas.
Autre guitare, il y a séance publique au Sénat à deux heures. Je t’en donne avis sans grande nécessité car il est peu probable que tu veuilles y assister avant la fin, c’est-à-dire entre quatre et cinq heures. Mais j’ai satisfait à ma fonction de mouche du coche qui te bourdonne toutes sortes de choses inutiles entre autre celle-ci : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 142
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « cherché ».