Paris, 25 août 1881, mardi midi
Mon cher bien-aimé, voici un bonjour qui précédera de bien peu celui que je vais te porter en personne, corps, cœur et âme. Jusqu’à présent mes tracasseries du matin et la visite de ma bonne petite nièce [1], que je ne confonds pas avec elles, m’ont empêchée de t’écrire plus tôt ; heureusement que pour le cœur, ce qui est différé n’est pas perdu. Au contraire, à preuve que je t’adore en plus de toutes les minutes de retard entre ma pensée à toi et celle de ma restitus pour toi. Ce que je te dis si mal, je le sens très bien, mais ce n’est pas de ma faute. L’imprésarioa de Mme Baa t’écrit à nouveau pour te demander de venir à son aide, à la susdite Baa. Je crains que tu n’aies beaucoup de peine à t’en débarrasserb car le môsieur qui l’exploite ne te lâchera pas sans sous férir. Tu feras bien d’aviser à te délivrer au plus vite de cette pieuvre noire, coûte que coûte. C’est grand dommage que tu n’aies personne pour faire cette sale besogne. Je cherche sans trouver autre chose que mon cœur qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
Collection particulière, MLM, 62260 0134/0136
Transcription de Gérard Pouchain
[Charpentreau]
a) « impressario ».
b) « débarasser ».