Paris, 31 mars 1881, jeudi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, quoique pas encore tout à fait satisfaite de ta santé, je commence pourtant à me rassurer en constatant depuis trois jours un mieux sensible dans tes nuits et dans tes jours ; ce qui indique que ta vilaine grippe tend à déguerpir peu à peu. Le jour où elle aura tout à fait disparua sera pour moi un jour heureux et bénib. En attendant, mon grand petit homme, il faut bien te soigner et ne pas faire d’imprudence par pitié pour moi, sinonc pour toi.
Il y a l’ordinaire des lettres aujourd’hui mais rien qui vaille la peine de t’en occuper tout de suite. Plus la réunion dans les bureaux au Sénat et séance publique à deux heures. Si tu y vas tâche que ce soit pendant les heures du soleil et non dans la bise du soir.
Dites-donc, Mosieu ? Vous me devez 3,5 F.d ! Pendant que j’y suis je te fais souvenir que c’est aujourd’hui le dernier jour du mois de mars et qu’il faut que tu envoiese à Mme Chenay l’argent du mois d’avril. Il faudrait encore, et surtout, renouvelerf toute ta garde-robe depuis A jusqu’à Z, depuis les chaussures jusqu’au chapeau. Cela urge, urge, urge, presque autant que de m’aimer.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 66
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « bénie ».
b) « disparue ».
c) « si non ».
d) Juliette souligne la somme de trois traits.
e) « envoyes ».
f) « renouveller ».