Paris, 14 octobre [18]79, 1 h. du matin
Cher bien-aimé, je te porte le premier toast avant tous ceux qu’on te portera ce soir [1] qui ne seront d’ailleurs, quelquea nombreux et quelquea enthousiastes qu’ils soient, que l’écho affaibli du mien. Pense à moi qui te souris et qui te bénis et aime-moi, moi, qui t’adore.
Je ne sais pas si je me coucherai avant ton retour car il me semble que mon cœur te garde mieux les yeux ouverts. Je crains pour toi les excitations inévitables de la gloire versée à plein bord par tous ceux qui sont là au risque de te donner trop d’émotion à la fois. Cher adoré, tu ne sais pas combien je t’aime ! Tu ne le sauras que lorsque tu verras mon âme tout entière, alors tu comprendras tout ce que ma sollicitude pour toi a de vénérable et de sublime devant Dieu.
Je baise ton divin front.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 246
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « quelques ».