Paris, 2 octobre [18]79, jeudi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je me suis indulgée [1] en me levant tard ce matin mais comme cela m’a très bien réussi je ne le regrette pas et je t’offre avec joie ma bonne et longue nuit, mon bon et long amour et voilà.
Je sais que de ton côté tu as très bien dormi, ce qui redouble mon entrain et ma confiance au bonheur aujourd’hui. D’autre part une bonne nouvelle pour les pauvres amnistiésa [2] : un mandat de 50 F. que tu pourras signer et donner à Vaquerie ce soir quand tu le verras. J’oublie de te dire que ce mandat vient de la Mairie d’Arquian, département de la Nièvre, et sera payé à la caisse municipale d’Arquian contre ta signature.
Vrai Dieu quelle broussaille autour d’un billet… municipal ! J’ai cru que je ne m’en tirerais jamais. Décidément je n’ai pas la bosse du style épistolaire… ou autre. Il n’y a que mon amour qui aille tout droit devant lui sans tergiversation et sans autre préoccupation que d’arriver à ton cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 234
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « admistiés ».