Paris, 25 août [18]79, lundi matin, 8 h.
Bonjour, mon tout bien-aimé, bonjour, je t’adore. Tu as passé une bonne nuit et moi aussi, c’est le cas d’être GEAIES et heureux et je le suis pour ma part autant que tu l’es toi-même, je l’espère. Il va falloir commencer à boucler un peu tes affaires pour ne pas être pris de court jeudi au moment de partir, c’est-à-dire à une heure de l’après-midi [1]. Tantôt à trois heures, le barbier viendra te tailler la barbe et les cheveux. Et si tu le voulais bien nous profiterions de la voiture pour aller chez ton bandagiste et chez mon opticien pour des genouillères dont j’ai le plus grand besoin [2] et pour une seconde paire de lunettes, en cas, les miennes étant presque tout à fait hors de service, ce qui m’expose à une cécité imminente et brusque surtout pendant que nous serons à Veules loin de toute ressource de ce genre. Je te fais penser aussi à répondre à la Banque Nationale de Belgique ainsi qu’à plusieurs lettres qui demandent une réponse à bref délai. À ce propos, Monselet n’a pas encore répondu [3]. Peut-être n’est-il déjà plus à Paris, ou bien son silence veut dire qu’il viendra ce soir dîner ? Chi lo sa ? [4] Du reste c’est le cadet de mes soucis dont l’aîné et l’unique, c’est d’être aimée de toi autant que je t’aime moi-même, c’est-à-dire de tous les amours à la fois et plus encore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 210
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette