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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 31 octobre [18]67, jeudi, 7 h. ¼ du m[atin]

Bonheur sur bonheur, mon grand bien-aimé, je viens d’assister à toutes tes évolutions matinales, depuis l’attache de ta serviette à ton balcon, l’agitation de ton mouchoir de mon côté, la lecture de mon gribouillis et ton baiser sur mes vilaines pattes de mouches, jusqu’à l’ingurgitation de tes deux œufs. J’ai tout vu, tout compris, tout saisi, tout bénia et tout dévoré des yeux et de l’âme. Seulement je me demande la cause du long entracte qui s’est écoulé entre ta seconde sortie et ton premier œuf. J’ai failli m’y tromper et je ne m’en serais pas consolée. Heureusement j’ai la ténacité têtue de ma nation [1], ce qui fait que je suis restée à mon poste jusqu’à la fin et que je n’ai pas perdu une goutte de mon bonheur.
Le temps est assez quelconque ce matin. Cependant s’il faisait beau tantôt, je te prierais de me mener jusqu’à la porte des Corbin car il faut absolument que je leur rendre leurs visites. Cela te va-t-il ? En attendant ta réponse et celle du baromètre, je te baise à tout crin et à tout vent.

BnF, Mss, NAF 16388, f. 264
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « tout saisis, tout bénis ».

Notes

[1Allusion au prétendu caractère têtu des Bretons.

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