Guernesey, 30 décembre 1862, mardi soir, 5 h.a
Je t’écris au courant de mon cœur, mon cher bien-aimé, et en me hâtant pour ne pas être trop en retard tout à l’heure, car autant que possible je m’applique à ce que rien ne manque à mes pauvres petits festivaux. J’espère que de ton côté rien de fâcheux ne viendra à la traverse de notre gaieté ce soir et que tu auras reçu un bon courrier de partout. Peut-être même as-tu déjà des nouvelles du succès de Charles ; mais en y réfléchissant, cela n’est pas possible aujourd’hui puisque c’est tout au plus si sa pièce a été jouée hier [1]. Demain ou jeudi tu auras la bonne nouvelle, en attendant il faut nous réjouir à distance et lui crier bravo avec les battements de nos cœurs. Et à ce propos, mon bien-aimé, et puisque tu me le permets, je te fais souvenir que je compte sur ma chère petite lettre annuelle [2], la 29ème de ton règne sur mon âme. Je la dévore d’avance des yeux, des lèvres et du cœur et je t’adore en permanence.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 283
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) La lettre du lundi 29 décembre manque.