Guernesey, 10 juillet 1862, jeudi ¾ du m[atin]
Bonjour, mon cher adoré, bonjour et tout mon cœur avec. Puisses-tu avoir une journée tranquille et sereine aujourd’hui, mon pauvre tiraillé. C’est le vœu que je fais de toute mon âme, n’étant pas maîtresse de pouvoir faire davantage pour toi. J’espère que tu auras bien dormi toute la nuit et que toute ta santé est comme je la désire. Quant à moi, je vais toujours très bien et je dors comme un et deux NOIRS [1]. Seulement je suis toujours très pressée sans que je puisse moi-même savoir pourquoi. Ce matin j’ai le prétexte de Marie Sixtya, hier c’était la blanchisseuse, demain ce sera le diable et son train probablement ; mais, quoiqu’il arrive, je t’aime toujours à mes heures et sans retard ni du côté du cœur, ni du côté de l’âme. À preuve c’est que mon amour est toujours en avance sur le tien. Oui, c’est vrai, taisez-vous et rattrapez-moib si vous pouvez.
BNF, Mss, NAF 16383, f. 176
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa
a) « Sixti ».
b) « rattrappez-moi ».