Guernesey, 22a décembre 1861, dimanche, 7 h. ¾ du matin
Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, sous les ailes de ces deux cocottesb de l’éternité dont chaque plume à partir d’aujourd’hui sera un rayon de lumière de plus pour nos yeux et dans notre vie jusqu’au moment de leur mue le 22 juin 1862 [1]. En attendant, puissions-nous retrouver à ce moment-là ce que nous sommes aujourd’hui, pleins d’amour l’un pour l’autre. J’espère mon cher petit homme que le sabbat enragé de cette nuit ne t’a pas empêché de dormir ? Quant à moi, on dirait qu’il m’a bercée délicieusement car je n’ai jamais passé une meilleure nuit qu’au milieu de ce tapage infernal du vent, de la mer, des arbres, des portes et des fenêtres. Dieu fasse qu’il en ait été de même pour toi et que tu te portes aussi bien que moi ce matin. Jusqu’à ce que cela se confirme comme je le désire, je te souhaite santé, joie et bonheur autant que je t’aime et que tu es ma vie, mon amour et mon âme.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 186
Transcription de Florence Naugrette
a) Le chiffre est souligné trois fois.
b) Le mot est souligné trois fois.