Guernesey, 28 novembre 1861, jeudi soir, 4 h.
Tu as raison de vouloir que je sorte, mon cher bien aimé, tu as raison toujours, et ce que j’ai de mieux à faire, comme raison, comme santé, comme amour, comme bonheur, c’est de t’obéir en tout. Aujourd’hui, mon pauvre adoré, j’étais vraiment hors d’état de mettre un pied devant l’autre [1] et j’ai dû refuser par force ta douce proposition. Dès que nous serons un peu plus à nous, c’est-à-dire après le départ de M. Lacroix, je te promets de m’arranger de façon à pouvoir sortir à ta première réquisition. Jusque là, il faut que je tâche de calmer cette nouvelle crise qui me tient encore un peu maintenant mais qui sera passée d’ici à ce soir, je l’espère. Il suffit, mon ineffable adoré, que cela te préoccupe pour que je me fasse un devoir de guérir tout de suite. Ce soir, tu me trouveras tout à fait gaillarde et surtout t’adorant plus que jamais.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 164
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette