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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 5 novembre 1861, mardi 8 h. ½ du matin

Bonjour, mon cher adoré bien aimé, bonjour. Je n’ai plus de pyrosisa, plus de mal, plus rien du tout. J’ai passé une très bonne nuit et si tu en as fait autant de ton côté, je suis la plus heureuse des femmes et je remercie Dieu avec reconnaissance. Cher adoré, je viens de lire les quatre pages d’intercalationa que tu m’as données hier. Que c’est beau, que c’est terrible, que c’est grand, que c’est formidable, que c’est sublime ! Ces quatre pages semblent les quatre points cardinaux du génie tant elles sont immenses, mon divin bien aimé ! Mon pauvre petit esprit, lui aussi, est submergé dans son admiration pour toi, mais il ne craint pas de sombrer parce que son amour le rattache à toi si fortement que toutes les morts ne pourraient l’en détacher. Tu peux accumuler chef-d’œuvre sur chef-d’œuvre, aussi grands et aussi écrasants que l’océan, mon amour planera toujours au-dessus et mon âme restera toujours dans ton sillage, dans cette vie et dans l’autre.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 144
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette

a) « pyrhosis ».
b) « intercallation ».

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