Paris, 5 septembre 1882, mardi matin, 9 h.
Cher bien-aimé, je pense qu’il vaut mieux ne parler ni de ta nuit ni de la mienne car nous n’aurions rien de bon à en dire de l’une ni de l’autre. D’après la lettre de Mme Ernest Lefèvre, venue ce matin, il paraît décidé que nous commencerons nos villégiatures par Villequier et qu’on nous y attend dès à présent. Cela étant convenu entre Paul Meurice et Vacquerie, nous n’avons rien de mieux à faire que de partir le plus tôt possible c’est dire après-demain, jeudi, à midi 45 minutes par la gare Saint-Lazare. Nous trouverons sans doute à Caudebec quelqu’un de la maison Lefèvre pour nous piloter jusqu’à Villequier, tout le monde étant, d’ailleurs, prévenu d’avance par une lettre que j’écrirai, si tu veux, le jour et l’heure où nous arriverons à Caudebec. Meurice garde le silence, ce qui me fait craindre qu’il ne soit contrarié de ce dernier arrangement [1] ; mais nous sommes de cœur, naturellement, passifs entre ces deux amitiés qui s’égalent et qui se valent. Il paraît qu’Anatole de la Forge, qui t’écrit et à moi aussi, est devenu le voisin de campagne de Paul Meurice et il se félicite de ce bon voisinage ainsi que du bonheur qu’il aura à te voir.
Cher adoré, à toi à décider, en dernier ressort quand et comment tu veux partir. Moi je suis prête et je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 159
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette