Guernesey, 17 janvier 1861, jeudi, 9 h. du m[atin]
Bonjour, mon cher petit homme béni, bonjour, santé, et bonheur à toi et à tous ceux que tu aimes. Comment as-tu passé la nuit, mon adoré ? Tous les remèdes ne t’auront-ils pas empêché de dormir ? J’en ai plus peur qu’envie. Heureusement que le temps s’est un peu radouci ce qui contribuera plus que toute la pharmacie à te guérir. Quant à moi, mon petit rhume de cerveau suit son cours naturel et j’en serai quitte pour quelques douzaines de mouchoirs. Du reste j’ai très bien dormi cette nuit et si j’étais sûre que tu en as fait autant je serais parfaitement bien tranquille. En attendant, je fais de nécessité vertu en espérant que tout va à tes souhaits pour toi et pour ta chère femme dont l’indisposition [1] prise à temps ne sera que passagère et sans gravité, j’en ai le bon pressentiment. Encore quelques jours de [illis.] et de beau temps, mes chers malades, et il ne restera plus rien de vos maux que le souvenir. C’est moi, Juju, qui vous le prédisa à travers mon amour et ma sollicitude pour vous tous.
Il est probable que nous dînerons entre nous ce soir, mon cher petit homme, et je n’en serai pas fâchée cela nous rappellera notre bon JEUNE TEMPS où nous nous suffisions l’un l’autre sans ennui et sans satiété. Il en est toujours de même pour moi maintenant, mon cher adoré, tu es toujours pour moi mon grand et unique bonheur ET MON DIVIN TOUT.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 16
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette
a) « prédit ».