Paris, 22 mars 1882, mercredi matin, 7 h.
Est-ce une illusion ? J’espère que non ; il me semble que tu as bien dormi depuis quatre heures du matin, est-ce vrai ? C’est ce que je saurai quand je te verrai tantôt. En attendant, moi je continue d’être assez mal en point quoique décidée à vivre, quand même, envers et contre tous. Autre guitare, pas beaucoup plus amusante celle-là, un tas de lettres toutes pressantes et par conséquent pressées, parmi lesquelles une lettre de la Maison Hetzel qui te prie de signer un bon à tirer de trois mille exemplaires des Chansons des Rues et des Bois et de le lui renvoyer tout de suite. Puis une lettre de [Laya ?] assez saugrenue il me semble. Enfin, pour le fond du sac, une convocation pour aujourd’hui à trois heures localesa du 7e bureau. Ordre du jour : la Question des Maires. Et puis un temps frisquet et un vent à décorner les bourgeois de Paris ; puis une vieille femme qui t’aime de tout son vieux cœur jusqu’à s’en empêcher de mourir pour ne pas céder sa place à personne d’autre qu’à tes adorables enfants [1]. Telle est la situation normale et anormale des choses atmosphériques, terrestres, humaines et psychologiquesb de votre bonne vieille Juju qui vous adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 34
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « anomarle ».
b) « psycologiques ».