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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 mai 1863

Guernesey, 28 mai [18]63, jeudi matin, 7 h.

Rebonjour, mon cher petit homme, et si vous avez bien dormi : bonheur et joie sur toute la ligne !!!a Je n’ai pas besoin d’ajouter que, de mon côté, j’ai dormi de toutes mes forces et que je me porte de même, cela va sans dire, et ma pantomime désordonnée [1] a dû te l’apprendre du reste. Maintenant, mon bien-aimé, permets-moi une critique dans l’intérêt de ta santé. Je trouve que tu as tort de mettre ton lit au brouillard. Autant cette mesure est bonne pendant le soleil, autant elle est nuisible par l’humidité. Il me semble que tu ne peux pas te refuser à l’évidence de l’observation que je te soumets dans l’intérêt de ta santé. Je rabâche mais cela m’est égal pourvu que j’arrive à mes fins qui sont que tu te portes bien et que tu m’aimes. Je pense avec terreur à la visite chez Mellisch, même en compagnie de ton charmant fils [2] et de Mme Chenay, ma sauvagerie s’ébouriffe devant ce bourgeois guernesiais et horticulteur. Heureusement pour toi TA GRANDEUR TE RETIENT AU RIVAGE [3] ; c’est toujours autant de gagné. Peut-être nous-mêmes aurons-nous la chance qu’il pleuve tantôt ce qui nous dispensera de la corvée. En attendant mes petits poulets se gobergent dans ma cressonnette et commencent à prendre des allures de COCQUETS et de COCQUETTES tout à fait réjouissantes. Suzanne passe la meilleure partie de son temps à les admirer, à les empâter et à les COCQUELUCHONNER et moi je broche sur le tout en souriant d’un air bête à tout ce marivaudage de basse-cour et je vous adore à travers tout ça.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 140
Transcription de Chantal Brière

a) Juliette trace une ligne suivie de trois points d’exclamation.

Notes

[1Hugo et Juliette s’adressaient des signes de maison à maison pour se donner des nouvelles de leur santé.

[3« Louis, les animant du feu de son courage,/Se plaint de sa grandeur qui l’attache au rivage. », Nicolas Boileau, « Au roi », Épîtres, 1672.

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