Paris, 22 mai [18]79, jeudi matin, 7 h., Ste Julie
Cher bien-aimé, il faudrait pour que rien ne manquât à ma bonne nuit que la tienne ait été meilleure encore. Malheureusement je ne peux pas m’empêcher d’en douter ; de là le souci de ma pensée et de mon cœur. En attendant que Mariette m’apporte tes chères nouvelles je lis et je relis ta chère bonne petite lettre d’hier [1] qui contient pour moi plus de bonheur qu’elle n’est grande. Je la baise si ardemment que je m’étonne qu’elle n’en soit pas déjà consumée. Ô mon doux adoré, sois béni autant que tu es glorieux et autant que je t’aime et que je te vénère !
Le temps est tout à fait à l’été ce matin ce que j’attribue à la gracieuse influence de sainte Julie. Et à ce propos, je te prie de ne pas oublier de me donner le précieux copeau de ton prodigieux et prophétique discours de dimanche [2]. Tu voudras bien y joindre aussi quelques petits sous pour le radoubage de mes bibelots personnels ? Tu le fais tous les ans et j’y compte pour me faire belle ! Et puis si tu ne veux pas n’en parlons plus. Je t’aime, c’est assez.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 128
Transcription de Chantal Brière