Vendredi, 2 h. du matin [1]
Juillet [18]34a
[Vendredi 18 juillet 1834]b
Mon pauvre bien-aimé, je ne sais pas de quel camp est l’artiste qui t’a fait ton portrait [2], s’il paie patente et s’il a employé des couleurs superfines pour le confectionner. Ce que je sais, c’est qu’il n’est pas le moins du monde ressemblant, ce dont je suis très triste car, après toi – c’est lui que j’aurais le plus aimé – Mais aussi, j’étais folle de croire qu’on pouvait te faire ressemblant. Ce n’est pas dans ce monde-ci qu’on trouvera le pinceau et les couleurs qui conviennent pour reproduire l’original qui est lui-même un chef-d’œuvre. Enfin, tel qu’il est, je le garde et bien hardi sera celui qui viendrait le reprendre. D’ailleurs, il y a un fond à ce portrait qui n’est pas sans intérêt pour moi, il me rappelle notre journée d’hier.
Victor Hugo et Juliette à Notre Dame.
17 juillet 1834 –
Merci tout de même, mon cher bien-aimé. Bonsoir, à demain. Dors bien, ne souffre pas.
Juliette
La petite maison est charmante tout compris [3].
[Adresse]
16e
Pr mon cher ORIGINAL
BNF, Mss, NAF 16322, f. 165-166
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon, Blewer]
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) Date indiquée par Evelyn Blewer.