Guernesey, 16 octobre 1858, samedi soir, 4 h.
Je tenais à finir mes nettoyagesa aujourd’hui, mon cher petit homme, voilà pourquoi j’ai désheuré ma restitus ce matin. Du reste l’heure, le lieu, le temps importent peu à mon cœur qui est toujours prêt à t’aimer et qui t’aime toujours de toutes ses forces maintenant que me voici à peu près pari (comme disent les marins) pour tout l’hiver. Je me mets à ta disposition pour COPIRE, le plus tôt sera le mieux pour moi ; et plus j’en aurai à faire, de la COPIRE, et plus je serai heureuse. À propos d’heureuse, il me semble que votre mystérieuse correspondante albionne s’enquiert un peu beaucoup et même trop de votre bonheur passé, présent et à venir car sa sollicitude britannique menace de vous poursuivre jusqu’aux enfers à l’abri de son nez de carton et de son stamp anonyme. Elle vous décoche des I loveyoub à faire pâmer lady Levassor aô ! Je commence môa à UNDERSTANDc la petite papière de cette womand spleenique et je trouve shockinge ses déclarations sur le mode funèbrefet encadrées comme les Nuits d’Young [1]g. Tout cela vous amuse probablement mais moi je ficherai des calottes à votre anglaise si elle continue ses roucoulements : Shame ! Shame ! Shame !
Bnf, Mss, NAF16379, f. 293
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette
a) « nétoyages ».
b) « I lowe you ».
c) « enderstand ».
d) « vauman ».
e) « chokine ».
f) Ce mot est ajouté en ligne supérieure.
g) « yung ».