Paris, 21 mars [18]79, vendredi matin, 7 h.
Cher bien-aimé, je ne veux pas que le printemps me fasse la nique et surtout je ne veux pas te donner plus longtemps le souci de mes bobos ; c’est pourquoi je jette mes couvertures aux orties et que j’émerge vaillante et souriante hors de mon lit pour te donner, dès patron-minette, mon bonjour le plus tendre et le plus aimable. Dès qu’il fera jour chez toi, j’irai savoir des nouvelles de ta nuit qui seront, je l’espère, très bonnes. Il faudra, aussi, en même temps que je te fasse penser à tenir l’argent de nos achats d’hier chez Vaconsin [1] prêt quand on va venir livrer la marchandise ce matin ; cela sans préjudice de la dépense ordinaire de la maison. Il faudra, encore, que tu prennes sur toi de lire tantôt toutes sortes de lettres auxquelles il serait utile que tu répondissesa. Cette scie loin de diminuer ne fait que s’accroître d’heure en heure et je ne vois pas vraiment comment tu t’en tireras. En attendant, moi, je t’adore comme l’herbe pousse, comme les oiseaux chantent, comme le soleil brille, comme les anges aiment Dieu.
[Adresse :]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 79
Transcription de Chantal Brière
a) « répondisse ».