Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1858 > Août > 9

Guernesey, 9 août 1858, lundi, 7 h. du m[atin]

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, ma vie, mon âme, bonjour, ma joie, mon bonheur, bonjour. Comment te trouves-tu ce matin ? Tu paraissais bien fatigué hier au soir et j’en étais assez tourmentée lorsque Mlle Allix m’a un peu tranquillisée en venant me demander de la toile pour la charpie. Quelques instants après, le bon docteur est arrivé pendant que les Préveraud étaient chez moi et m’a confirmé le bon état relatif de ta pauvre chère santé. Il pense que la fatigue que tu éprouves dans la journée tient à la longueur de ta station assis. Il croit qu’il serait utile que tu te recouchasses une couple d’heures dans la journée jusqu’à ce que tes forces soient un peu plus revenues. Quant à moi, je n’y vois aucun empêchement et mon lit n’est là que pour te reposer quand tu lui feras l’HONNEUR. Il m’a dit aussi qu’il te frictionnerait ce matin, ce dont je suis bien aise puisque cela te guérira plus promptement ta chère petite jambe. Du reste, il a été d’une froideur presque désobligeante pour le pauvre Marquand qui se trouvait là avec sa femme, ce qui m’embarrassait beaucoup. Ce pauvre Marquand n’est pas toujours heureux dans ses bonnes intentions et c’est bien injustement. Moi, je le plains et je t’adore.

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 218
Transcription d’Anne-Sophie Lancel, assistée de Florence Naugrette


Guernesey, 9 août 1858, lundi, 1 h. de l’après-midi

Il paraît, mon pauvre cher bien-aimé, que tu prends le parti de rester chez toi un peu plus tard d’après les conseils même du docteur, et je t’approuve ; heureuse, si cette nouvelle privation de mon âme peut hâter ta complète et prompte guérison. Il ne s’agit pas pour moi de compter avec mon propre bonheur mais de voir bientôt la fin de toutes tes souffrances et de tous tes ennuis. Pour cela, mon adoré, il faut que tu t’aides toi-même par beaucoup de tranquillité d’esprit, de calme, et de douce gaité. Cela est d’autant plus facile que tu as un fond inépuisable de tous ces précieux dons, sans compter l’arrivée de Paul Foucher aujourd’hui. Peut-être ce qui ne peut manquer de faire une heureuse diversion à la fatigue et à l’ennui de ta convalescence. Quant à moi, je te le répète, mon adoré bien-aimé, je me résigne de tout mon cœur à faire les plus grands frais de ta chère guérison. En attendant, Marquand m’a arraché hier en ton nom et presque d’après ton ordre, m’a-t-il dit, une quasi promesse de promenade ce soir à huit heures avec sa femme et lui. Mais il est presque probable que je lui manquerai de parole à moins que tu n’en exigesa l’exécution absolument. Jusque-là, je t’aime, je t’attends, je t’adore.

Juliette

Bnf, Mss, NAF 16379, f. 219
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette

a) « n’en exige ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne