15 janvier 1879

Paris, 15 janvier [18]79, mercredi matin, 11 h.

Cher bien-aimé, me voici à tes ordres prête à tout et de pied en quatre, comme dit Henriette. J’aurais pu l’être une heure ou deux plus tôt si je n’avais pas fait la paresseuse ce matin à cause de ma nuit exceptionnellement mauvaise. Mais, peu importe, puisque la tienne a été très bonne, d’après le témoignage de Mariette. Il fait un temps exquis ce matin qui fait venir le Versailles à la bouche. Seulement je ne comprends pas pourquoi L’Officiel [1] n’est pas venu ni ici ni rue de Clichy [2] où M^me Noël continue d’aller tous les jours prendre les journaux et les lettres qui continuent d’y être adressés. Dieu ! quelle stupide lettre !!! Je ne sais pas si c’est son desheurement qui me l’a fait paraître encore plus bête que de coutume mais j’en suis vraiment honteuse. C’est à peine si j’ose te dire que je t’adore de peur d’offenser ce mot-là en si piètre compagnie.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo

BnF, Mss, NAF 16400, f. 16
Transcription de Chantal Brière