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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er janvier [1849], lundi, 10 h. du matin

Bonjour, mon âme, bonjour ma joie, bonjour mon bonheur. Je viens de passer sous tes croisées en allant et en revenant de la messe et je t’ai envoyé des yeux et de la pensée tout ce que j’avais de meilleur dans le cœur. Maintenant c’est à toi, mon amour, de m’envoyer un petit morceau d’amour, voilà déjà bien des fois depuis ce matin que j’ai demandé des nouvelles de la poste. Rien, toujours rien. Tout à l’heure j’ai [eu] une fausse joie : c’est la portière avec une lettre, mais hélas ce n’était pas celle que je désirais et la pauvre mère Luthereau a été accueillie avec une effroyable moue. Mais aussi pourquoi s’avise-t-elle de montrer le bout de son nez quand c’est le vôtre que j’attends et que je désire voir ? Cela lui apprendra à ne pas me faire de fausse joie. En attendant, mon Victor adoré, que ta chère petite lettre m’arrive [1], je te donne tous les baisers que je contiens.

Juliette

MVH, a9036
Transcription de Florence Naugrette

Notes

[1La veille au soir, Victor Hugo lui écrit sa lettre de nouvel an rituelle : « J’échappe à tout ce qui m’entoure, minuit va sonner, l’année va finir, je viens t’apporter mon âme. Je te l’apporte à la fin de l’année comme je te l’apporterai à la fin de la vie. Cher doux ange, toutes les joies de mon cœur sont dans toi. / Quand je pense à tout ce que tu as souffert, mon cœur se fend de tendresse et de douleur, je veux de l’espérance pour toi là-haut, je veux de l’amour pour toi ici-bas, je t’aime et je prie. / Oui, ma bien-aimée, aimons-nous et prions. Prions Dieu et prions nos anges. Vivons, nos deux cœurs confondus dans les mêmes deuils et nos deux regards fixés sur le même avenir. Ta fille me regarde et ma fille te sourit. / Quand tu recevras ce mot, l’année aura commencé, ce sera la seizième. Oh ! qu’elle soit aussi loin de la fin de la fin [sic] de notre amour que la première. » (édition de Jean Gaudon, ouvrage cité, p. 181.)

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