Guernesey, 5 mars 1858, vendredi, 7 h. du soir
J’espère, mon cher petit homme, que tu ne te seras pas enrhumé en courant des bordées sous les giboulées, en attendant la fin de ma peignerie. D’un autre côté tu vois qu’il est presque impossible d’assigner les temps minute à minute pour chaque chose qu’on a à faire chez soi ou dehors. Cela doit te paraître dix millions de fois vrai depuis que tu assistes à mes vilvoussesa mais ce qui me paraît à moi incompréhensible, c’est la présence chez moi depuis ce soir de deux affreux petits bustes empire antique [1] qu’[on y apporte ?] en ton nom. Si tu te mets à acheter de ces choses où allons nous, où allons-nous, où allons-nous ??? D’un autre côté, le citoyen Quesnard a remis pour moi à Suzanne un carton contenant des allumettes tabagiques qui ne me rendront jamais autant service que ces six pence auraient pu lui faire de plaisir et d’absinthe. Je suis vraiment très fâchée qu’il ait fait cette dépense inutile et bête. À propos de bête, je m’aperçoisa qu’il y a sur ma table encombrement de restitus ce qui n’est pas un mal. Cependant, j’en ai presque honte comme de mauvaises actions. Dépêchez-vous de m’ôter tous ces remords devant les yeux et je ne vous en aimerai que mieux et plus fort.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 52
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette
a) « villevousses ».
b) « m’apperçois ».