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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 décembre [1848], mercredi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon très cher adoré, bonjour mon amour bien aimé et béni, bonjour de la plume, de la bouche, des yeux, de l’âme et du cœur, bonjour je t’adore. Décidément je déteste qu’on vienne à l’heure où je dois te voir. Quel quea soit mon sans-gêne avec tout le monde, je n’en suis pas moins contrariée dans ma joie et dans mon bonheur quand il y a un tiers entre nous. Du reste mon regret hier a été sans compensation car la mère Guérard n’est rien moins que drôle en politique et médiocrement amusante dans sa roupillerie. Cela ne l’empêche pas d’être une bonne femme mais la plus embêtante créature de l’univers y compris Féau. Décidément j’ai besoin que tu me recrutes quelques individus plus comiques que ceux dont je ne sors depuis trop longtemps et puis surtout j’ai besoin d’être seule avec toi toujours. Il faudra pourtant bien que vous me donniez ce fameux tête à tête que vous ajournez le plus que vous pourrez mais auquel je ne renonce pas, AU CONTRAIRE. En attendant je vous baise et je vous adore sur toutes les coutures de votre vieux paletot et je vous désire à feu et à sang.

Juliette

MVH, 8138
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « quelque ».


27 décembre [1848], mercredi, midi ¾

Je ne sais jamais par où commencer quand je t’écris, mon amour adoré, parce que j’ai tant de tendresses qui se pressent à qui sortira le plus vite de mon cœur pour aller à toi qu’elles encombrent mes pensées et que je n’en laisse sortir aucune sans qu’elles soienta à moitié étouffées. Autrefois tu te chargeais de les ravigoter un peu mais maintenant tu ne t’en soucies non plus que de tes vieilles chemises, ce qui n’est pas amusant. Je t’écris pour me débarrasser du trop-plein de mon amour mais avec la triste certitude que tu n’en éprouves aucun bonheur. Je ne veux pas me plaindre ni te tourmenter. D’ailleurs à quoi cela servirait-il ? J’aime mieux te baiser en pattes de mouche et à plein encrier, cela me soulage un peu et tu ne t’en aperçoisb pas. Mon Toto bien aimé, je vous supplie de penser à moi et de m’être bien fidèle de corps, de cœur et de pensée si vous tenez à votre vie. Vous savez que là-dessus je n’entends faire aucune concession. Je me résigne à ce que vous ne m’aimiez plus. Oh ! non je ne m’y résigne pas. Je veux que tu m’aimes ou je me tue. Maintenant tourne la difficulté comme tu pourras, cela ne me regarde pas. Mon état c’est de t’adorer.

Juliette.

MVH, 8139
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « soit ».
b) « apperçois ».

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