Guernesey, 17 oct[obre 18]78, jeudi matin, 6 h.
Bonjour, mon cher bien-aimé, où en es-tu de ta nuit ? Comment s’est-elle passée ? As-tu bien dormi ? Le petit point douloureux du côté droit a-t-il tout à fait disparu ? Le crachement de sang a-t-il cessé ? As-tu pris de la potion ? Enfin, mon grand, mon ineffable adoré bien-aimé, es-tu tout à fait satisfait de ta santé générale ce matin ? Je serai bien heureuse si tu m’envoies une bonne réponse à chacune de ces questions qui intéressent toutes ma propre santé, mon bonheur et ma vie. En attendant qu’elles m’arrivent, je fais pour mon cœur comme si j’étais sûre qu’elles sont bonnes. J’espère que Corbin te p[ermettra ?] de sortir après le déjeuner. Il serait vraiment bien dommage de ne pas profiter du beau soleil qu’il fait aujourd’hui. Aussi je crois que le bon docteur te donnera la clef des champs tantôt. Il est probable que tu auras un courrier intéressant, une lettre de Paul Meurice [1], probablement, sans compter les autres, et, brochant sur le tout, le doux farniente du bon Pelleport [2], et le mien servant de prétexte et de base à mon adoration stérile pour toi.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]