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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 février [1846], jeudi matin, 10 h. 

Bonjour mon Toto bien aimé, bonjour mon cher petit homme, vous n’êtes pas beaucoup revenu mais je vous aime tout de même. J’espère que vous m’aurez été bien fidèle hier. Hum ! Il est probable que si j’avais pu regarder par le trou de la serrure, je n’aurais probablement pas été très édifiée de vos sourires, de vos œillades et de vos galanteries. Heureusement que je n’ai rien vu de tout cela qu’en rêve, c’est déjà beaucoup trop.
Eh bien ! Que dit mamzelle Dédé de votre proposition ? Accepte-t elle ma Cocotte, si non les yeux fermés, au moins les oreilles bouchées ? J’avoue qu’il m’en coûtera bien plus de la donner à Mme Asseline que je ne connais pas et qui ne fera probablement pas grand cas de cette pauvre petite bête, que de la donner à la bonne petite Dédé qui finirait par l’adorer, si une fois, elle la prenait en pitié. Toujours est-il qu’il faut que je la donne à cause de ces affreux cris. J’ai vu hier au soir la pauvre femme que tu sais [1]. Elle est venue assez tard. Elle m’a chargée de te remercier de la peine que tu as priseª de répondre à sa mère et de la bonté que tu as pour elle personnellement en permettant que je la voie. Tout ce que j’ai observé en elle jusqu’à présent lui est très favorable, j’espère que cela se confirmera de plus en plus mais en attendant je te promets d’y mettre toute la prudence et toute la réserve possible. Je sais trop ce que je te dois et ce que je dois à ma fille et moi pour rien hasarder légèrement. Je t’aime mon adoré, c’est tout dire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 201-202
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

a) « pris ».


26 février [1846], jeudi soir, 5 h. ½

Je t’attends, mon bon petit homme chéri ; j’espère que tu vas bientôt venir et je m’en réjouis d’avance. En supposant que l’Académie prolonge ses petits cancans au-delà de la séance officielle, vous n’en devez pas moins être prêª à venir tout à l’heure. Mon petit Toto, mon petit Toto je vous adore. Eulalie travaille pour elle aujourd’hui et je ne la paie pas, bien entendu, elle était venueᵇ dans le cas où Claire aurait reçu une convocation pour aujourd’hui. Dieu veuille que tout se passe comme nous le désirons et comme l’espère cette pauvre enfant lundi. Je voudrais y être déjà [2]. Je ne sais pas comment cela se fait, mais moi qui voudrais tant être jeune je trouve tous les jours des motifs pour désirer vieillir. C’est absurde mais c’est ainsi. Quand ce n’est pas pour l’Académie, c’est pour la Pairie, quand ça n’est pour la Pairie, c’est pour Charlot, quand ce n’est pas pour Charlot c’est pour ma péronnelle [3] et de fil en aiguille. Il n’y a pas de jours où je ne voudrais être au lendemain pour voir arriver plus vite ce que toi ou moi désirons dans ce moment-ci. Je voudrais être plus vieille de tout le temps qui me sépare de toi. En attendant je m’occupe de toi, je pense à toi, je te griffonne ces billevesées et je t’adore. Mais tout cela ne me fait pas trouver le temps moins long, au contraire.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16362, f. 203-204
Transcription d’Audrey Vala assistée de Florence Naugrette

a) « près ».
b) « venu ».

Notes

[1À identifier.

[2Claire a réussi l’écrit de son examen d’institutrice. Elle est convoquée pour l’oral, où elle échouera.

[3Claire.

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