Paris, 23 mai [18]78, jeudi matin, 10 h.
La fête passée [1], adieu le saint, dit le proverbe ; surtout quand ce saint est une sainte et cette sainte une pauvre vieille femme comme moi. Hé ! bien, ça n’est pas vrai ! Ce qui est vrai c’est ta lettre adorable qui est toujours sur mon cœur. Ce qui est vrai c’est mon amour de plus en plus ardent et immortel comme mon âme. Voilà ce qui est vrai, saint et sacré comme Dieu lui-même et éternel comme lui. J’espère que tu as aussi bien et aussi longtemps dormi que moi, mon grand bien-aimé, qui ne me suis réveillée qu’à huit heures et demie. Sans mes méchantes pattes j’irais très bien mais comme il faut toujours que quelque chose cloche dans la vie mieux vaut encore que ce soit aux pieds qu’autre part. Je t’ai envoyé la note du fumiste tout à l’heure, à toi maintenant à la faire payer par Mariette. Puis des lettres à foison sans compter le reste… sans me compter ou en me comptant… pas contente. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 135
Transcription de Chantal Brière