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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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22 octobre [1847], vendredi matin, 8 h.

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, mon cher petit adoré, bonjour je t’aime. Ne te tourmente pas, mon doux petit homme, tout cela ne sera rien. Encore un peu de patience et la raison viendra en aide à ton Charlot [1]. L’important est qu’il n’ait pas de passion tenace pour une femme indigne de lui. Tu as un si grand sujet de bonheur d’un autre côté qu’il faut accepter les folies momentanées de ce garçon comme contrepoids. Je n’essaie pas savoir des nouvelles ce matin parce que je suis entièrement rassurée sur la santé de ta chère femme [2] et parce que tu viendras tout à l’heure m’en apporter. Je vais même presser le déjeuner pour te livrer la table dans le cas où tu viendrais achever tes dessins.
Je t’aime mon Victor, tous les jours mon amour se lève sur mon cœur comme le soleil sur la terre. Toute ma vie et toutes mes pensées en sont échauffées et éclaircies, aussi je ne peux pas m’empêcher de te le montrer dans toute sa splendeur et dans tout son rayonnement. Je ne pense qu’à lui, je ne vis que par lui, je ne me plaisa que dans lui. Pour ne pas t’en parler il faudrait que je fusse muette ou que je ne puisse pas t’écrire et encore mes yeux et mon âme te diraient que tu es mon adoré.

Juliette

Collection particulière / MLM / Paris, 65303 0049/0051
Transcription de Gérard Pouchain, annotée par Florence Naugrette

a) « plaît ».


22 octobre [1847], vendredi après-midi, 3 h.

ET MOI ? Votre rendez-vous ne me semble pas aussi catholique que vous voudriez bien me le faire accroire et votre Bonne-nouvelle me fait l’effet d’une assez méchante farce dans laquelle je jouerais le rôle de la mère L’OIE. C’est égal méfiez-vous du dénouement je ne vous dis que ça pour le moment me réservant mon EFFET pour plus tard. Tâchez de ne pas regarder le diorama jusqu’à une heure du matin parce qu’alors je ne rirai plus. En attendant je ris. Voime, voime, c’est très drôle.
Je voudrais bien savoir pour qui et pour quoi vous faites tous ces dessins avec cette furieuse activité ? À qui donc les avez-vous promis et donnés ? Il y a une certaine Mme Boucher qui vous écrit des tendresses à ce sujet qui me sont très suspectes. Quoi que vous pensiez de sa graisse et de sa grâce je vous prie de ne pas faire le généreux avec elle si vous ne voulez pas que je vous arrache toute espècea de choses. Toto vous êtes averti, Toto j’ai l’œil sur sur vous et sur eux, Toto méfie-toi Toto les indous te perdront Toto le diorama et les chinois te seront fatals. Toto les toupies sont dangereuses et les grosses femmes des pièges à Loups ! Toto vous me faites l’effet d’un homme déjà plus d’à moitié griffé. Toto la main me démange et mes ongles sont longs. Toto ! Toto ! Toto ! Toto ! Toto ! Toto ! Toto ! Tu saisb le grec, méfie-toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16365, f. 250-251
Transcription de Yves Debroise assisté de Florence Naugrette

a) « tout espèces ».
b) « sait ».

Notes

[1Charles Hugo s’est follement amouraché d’Alice Ozy. Juliette Drouet ignore que Victor Hugo, dans cette histoire, est le rival de son fils.

[2Adèle Hugo se remet de la fièvre typhoïde.

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