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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 10 déc[embre] 1870, samedi matin, 9 h.

C’est de mon lit, mon cher bien-aimé, que je t’envoie mon paresseux, mon frileux et mon plus tendre bonjour. J’espère qu’il te trouvera blotti comme moi sous tes couvertures, attendant que ton feu soit allumé. Je suis bien contente que tu te sois enfin décidé à te donner de bons vêtements chauds ; à force de penser à tout le monde, tu t’oublies complètement, ce qui n’est pas juste. Quant à la question de dîner dehors, je crois que tu fais bien de résister à la tentation, au moins quotidiennement, car le bon marché, voulu, de l’épreuve d’hier laisse encore une différence de deux francs en plus par chaque personne. Quant à l’éclairage et au chauffage, on ne peut en avoir le bénéfice qu’en dînant dans la salle commune, sans parler des inconvénients personnels que tu as signalés hier. Tout cela ne veut pas dire que notre gargotea soit un modèle d’abondance gastronomique et de bon marché, tant s’en faut, mais elle a l’avantage de n’être qu’à nous et de respecter notre intimité. Je te demande pardon pour ces deux nous collectifs qui m’ont échappéb et que je te restitue humblement. Il est vrai de dire, aussi, que cela t’expose à plus d’un embêtement, témoin la soirée panachée de piano et de musicien qui te pend au nez pour demain. Donc coutez donc, citoyen, coutez donc, pourquoi êtes-vous si grand, si illustre, si facile et si bon ?

MLVH Bièvres, 130-8-LAS-VH 6 a, b et c
Transcription de Gérard Pouchain

a) « gargotte ».
b) « échappés ».

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