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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 11 août [18]64, jeudi matin, 7 h.

Bonjour, mon tout bien aimé, bonjour, puisses-tua, ainsi que ton cher petit Toto [1], avoir passé une aussi bonne nuit que la mienne. J’aurais déjà envoyé savoir des nouvelles de ce cher enfant si je n’avais pas craint de réveiller tout le monde chez toi. Dès que je croirai le moment venu j’y enverrai Elisabeth. En attendant j’espère que ce vilain mal n’aura pas de gravité, pris à temps comme il l’est par Corbin. Du reste, à part la souffrance, je crois que ton petit Toto [2] n’est pas autrement fâché de ce retard et toi pas davantage et moi pas du tout [3]. L’important n’est pas de s’en aller d’ici à date fixe, mais de partir le cœur content et le corps sain. Donc, à ce point de vue-là, nous ne pouvons que gagner tous à ce retard imprévu. D’ailleurs il faut donner un peu de répit aux jeunes amoureux, cela ne peut que porter bonheur aux vétérans de l’amour comme nous.
Je sais que tu es déjà levé depuis quelques moments, mon pauvre bien-aimé, est-ce que tu n’aurais pas bien dormi ? Je crains que tu n’aies eu un peu d’inquiétude au sujet de ton fils quoique Corbin affirme que cela ne sera rien et qu’un jour ou deux de repos et de soin feront disparaître cette indisposition douloureuse et gênante. J’espère qu’il dit vrai et que nous aurons la joie de le voir guérib d’ici à lundi. Quant à moi je continue de me bien porter et je crois que je me tiendrai très bien sur le bateau et que tu n’auras pas à te plaindre de moi. De même pour la consultation dont je suis presque sûre de n’avoir pas besoin. Cela étant et si tu m’aimes, QUEL BONHEUR !!! Tu auras sans doute besoin que je te rende tes ustensiles de toilette. Ils sont tout près, tu n’as qu’à les envoyer chercher. De ton côté, mon cher petit homme, il faut que tu aies bien soin de toi, que tu ne te tourmentes pas et que tu te portes bien et que tu sois heureux si tu veux que je tienne toutes mes promesses. Je t’adore.

BnF Mss, NAF 16385, f. 213
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « puisse-tu ».
b) « le voir guérie ».

Notes

[3François-Victor Hugo est pris d’un mal de gorge depuis la veille au soir. D’où le report du départ en voyage au lundi 15 août. (CFL, Tome XII/2, p. 1469).

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