27 septembre [1838], jeudi soir, 6 h. ¾
Je n’avais même pas eu le temps de t’écrire, mon adoré. Ainsi ce n’était pour avoir eu celui de lire cette insipide prose du probablement très insipide Rosier [1]. Enfin nous y avons renoncé et nous avons je crois agia très sagement. Quantb à moi, je ne le regrette pas du tout. J’aime encore mieux RIEN que quéque chose de MAUVAIS. Tu as oublié ta clef, mon amour, je m’en suis aperçuec après que tu as été parti. Je n’en suis pas fâchée parce que cela te forcera peut-être à revenir une fois de plus. La mère Pierceau n’est pas venue et ne viendra pas. Il paraît qu’elle se croit très obligée d’être très digne ? Je ne l’en empêche pas, c’est un peu plus de cuisine qui me restera, voilà tout. J’ai donc enfin vérifié le déficit du damas. Malheureusement cela ne servira pas à grand-chose car le Jourdain s’arrange de manière à ne pas rendre un sou de toute façon. Au reste c’est toujours comme cela quand on n’est pas dans une position normale. Je voudrais bien, mon Toto, que tu puisses venir dîner comme hier. C’était si inattendud que ce n’en était que meilleur. C’est dommage que tu me fasses de ces surprises-là si rarement. J’ai encore un tas de choses à faire dont je ne peux pas me sortir : mes autographes, mes papiers, mon linge et par-dessus tout l’étude du rôle de la Reinee. C’est pour en perdre le peu de patience que j’ai. Je t’aime mon Toto chéri, je t’adore mon amour. Soir pa, soir man. J’aime mon cher petit To de tout mon cœur. Je l’attends de toutes mes forces.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16335, f. 267-268
Transcription d’Élodie Congar assistée de Gérard Pouchain
a) « agis ».
b) « quand ».
c) « apperçu ».
d) « innatendu ».
e) Une croix en marge de cette phrase semble la signaler au lecteur :
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