Guernesey, 18 mars 1857, mercredi soir, 5 h. ½
À mon tour de te défendre de souffrir, mon cher petit homme, et de te sommer de planter là le mal de tête pour une meilleure occasion et, pour mieux te montrer le chemin, je secoue le mien, de mal de tête, de manière à lui ôter l’envie de dîner avec nous ce soir. Tu dois savoir que j’ai vu Cahaigne car il m’a dit qu’il allait chez toi. Tu dois savoir aussi peut-être que je l’ai invité pour ce soir mais inutilement car il était déjà retenu pour la même solennité. J’ai dû, hélas, étendre ma politesse jusqu’au mercredi prochain, ce qu’il a accepté avec toutes sortes de bonnes grâces. J’espère que ce jour-là il sera dans une bonne veine de sobriété et de modestie. En attendant, je compte faire une charmant petit festin avec toi et le ménage QUESNARD [1] si tu n’es pas malade ce soir. Mon cher petit bien-aimé, toute ma joie, tout mon soleil, tout mon bonheur me vient de toi mais à la condition que tu sois toi-même bien portant et bien heureux. Je n’ai plus longtemps à attendre pour que ma chère petite fête hebdomadaire ne pas lire Dromadaire, commence. D’ici là, je t’aime par contumace et je t’adore à mort.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 48
Transcription de Anne-Lise Narvaez assistée de Florence Naugrette