Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Août > 7

7 août 1838

7 août [1838], mardi matin, 10 h.

Bonjour mon petit bien-aimé, bonjour mon grand BLAGUEUR. Vous m’aviez si bien promis de revenir cette nuit ? Oh ! Vous n’êtes pas un homme à faire deux exploits de suite, vous, il s’en faut bien. Au reste, je ne vous en veux pas, mon adoré, et je reconnais que le premier pouvait passer pour deux et même pour trois. Et puis mon pauvre bien-aimé, je ris car je sais que tu travailles comme un pauvre cheval d’omnibus. Je te plains de tout mon cœur, vois-tu ? Ou plutôta, je t’adore de toute mon âme, ce qui contient tout l’amour et la sollicitude, le dévouement et la reconnaissance. J’ai envoyé tout à l’heure la lettre de cette demoiselle à la poste. J’enverrai et j’écrirai de même celle de [Bordeaux ?] et si vous allez dimanche au théâtre, je veux y aller avec vous. Je viens de me mettre en colère contre ma servarde. Si ce n’était à cause de toi, je la mettrais à l’instant même à la porte car il est impossible de souffrir plus d’inepties et d’impertinences de la part de cette horrible femme mais enfin tu crois que c’est un trésor ou plutôta tu sais la difficulté que nous avons à nous en procurer même de mauvaises et tu fais bien de me faire garder cette stupide créature. Je te raconte tout cela à toi parce que tu es moi-même. Je baise tes petits pieds sur la plante.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 143-144
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « plus tôt ».


7 août [1838], mardi soir, 6 h. ¾

Encore une journée perdue pour moi, mon adoré, puisque tu n’es pas venu. Je ne grogne pas mais je voudrais baiser ta belle bouche qui a la couleur et l’odeur de la rose. Je t’aime mon amour plus qu’aucun mot, aucune expression ne peut l’exprimer. Tout ce que tu peux t’imaginer, tout ce que tu peux désirer n’approche pas de la réalité. Je voudrais pour toutes sortes de bonnes choses que ta belle pièce fût finie parce que je la connaîtrais touta entière, parce que je l’admirerais à mon aise, parce que tu aurais peut-être le temps de m’aimer un peu et enfin parce que nous pourrions peut-être nous embarquer pour un bon petit voyage dans un gros bateau à vapeurb. Ce serait une si grande joie pour moi que je n’ose pas l’espérer. Je vous fais cependant des dessins magnifiques qui feraient rougir de honte et mourir d’envie nos prétendus grands peintres. Je ris mais je ne suis pas tranquille, j’ai peur que malgré la lettre en question vous n’alliez au Théâtre Français sans moi [1]. Pourquoi ne venez-vous pas un petit peu, rien que le temps de me rassurer ? Ça serait si gentil et si doux ! Je t’attends depuis si longtemps.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16335, f. 145-146
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain
[Blewer]

a) « toute ».
b) Dessin représentant un bateau avec des voyageurs, ainsi qu’une barque à rames :

© Bibliothèque Nationale de France

Notes

[1C’est la Première de la reprise d’Angelo tyran de Padoue.

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne