Paris, 31 décembre [18]73, mercredi soir, 4 h. ¾
Cher bien-aimé, c’est avec un véritable soulagement que je vois s’achever le dernier jour de cette cruelle année. Espérons que celle qui vient nous sera plus clémente et que le lien de famille si fatalement distendu par la mort de ton bien-aimé fils ira se resserrant de plus en plus au fur à mesure que tu mettras ta belle-fille à même de connaître toute l’étendue de ta tendresse pour elle et pour tes deux adorables petits enfants. Je demande à Dieu auquel je crois et avec la persuasion qu’il exaucera ma pieuse prière.
5 h. ¾
J’ai vu E. Allix qui m’a parlé de l’affaire qui t’occupe si tristement en ce moment. Je te dirai ce qu’il m’a dit à ce sujet quand je te verrai tout à l’heure. Mariette a rapporté la réponse de Mme Allix que tu trouveras ainsi qu’un paquet de Carjat que je n’ai pas ouvert, et plusieurs lettres et un télégramme de Mme Arcolati [1] très ému et très tendre. Cher adoré, je ne te demande pas la chère petite annuelle à laquelle mon cœur est habitué depuis quarante ans, mai je te supplie de me permettre d’y répondre demain comme si je l’avais reçue.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 363
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette