Guernesey, 21 juin [18]73, samedi matin, 9 h. ¾
Bonjour mon doux, mon grand, mon ineffablement bon bien-aimé, bonjour, je t’adore. Mon âme te sourit et te bénit à travers le triste et toujours douloureux anniversaire de la mort de ma pauvre petite Claire [1]. Aujourd’hui plus particulièrement encore que tous les autres jours j’ai mis notre chère prière quotidienne sous la protection de toutes nos chères âmes de là-haut pour qu’elles obtiennent de Dieu la suprême faveur que nous lui demandons toi et moi de mourir ensemble la main dans la main, les yeux dans les yeux.
Je t’ai vu, mon bien aimé, et mon cœur en tremble encore de bonheur. Je le désirais sans oser l’espérer, craignant que tu n’aies pas le temps d’entrer chez moi avant de courir au devant de ton cher Paul Meurice, merci de m’avoir fait cette aimable et douce SURPRISE. Puissesa-tu en échange en avoir une du même genre aujourd’hui avec une bonne petite lettre bien tendre de tes chers enfants t’annonçant leur prochain retour. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 187
Transcription de Maggy Lecomte et Manon Da Costa assistées de Florence Naugrette
a) « puisse ».