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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 mai 1873

Guernesey 21 mai [18]73, mercredi matin, 10 h. ½

Tu me combles [1] mon cher bien-aimé, et pourtant je ne suis pas satisfaite, puisque ta nuit n’a pas été bonne. Mon regret, mon tourment, mon chagrin, c’est de sentir que je ne peux rien à ce fâcheux état persistant parce que les seuls remèdes à ton mal seraient une forte décoction de Petit Georges et une non moins forte infusion de Petite Jeanne lesquels ne sont pas en ma puissance, malheureusement ! Aussi, mon pauvre grand bien-aimé, malgré les dons dont tu me couvresa je ne puis pas être gaie en ce moment-ci. Je le serai tantôt si tu as de bonnes nouvelles de tes enfants et si tu sens ton talon tout à fait guéri. Dans ces deux cas je te promets de me payer un de ces bonheurs qui ne laissent rien à désirer et dont les anges eux-mêmes seront jaloux. On m’apporte deux bouquets de muguetb de la part de mes bonnes voisines auxquelles je n’ai jamais adressé la parole, ce qui ne m’empêche pas d’être en très bons termes avec elles. Je me hâte de partager ce blanc bouquet entre Claire et petite Jeanne et petit Georges aussi car sa blancheur est tout aussi immaculée que celle de sa sœur. Je prie toutes nos âmes blanches de les bénir tous les deux dans le ciel et de les protéger sur la terre pendant que je les aime et que je les bénis. Je t’aime, je t’adore et je te bénis comme eux.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 150
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « couvre ».
b) « muguets ».

Notes

[1Juliette vient de recevoir la lettre que Hugo lui a écrite la veille, pour lui souhaiter sa fête. Datée du 20 mai, et adressée à « ma dame », elle commence ainsi : « Douce bien-aimée, ce mot que je t’écris aujourd’hui en me levant, demain en te levant tu le liras. je veux que nos deux âmes, à cette époque bénie de te fête, mêlent leurs deux rayons du matin. Je veux te redire que depuis quarante ans, tu as été un grand cœur et une grande âme, que je t’ai dû deux fois la vie, une fois dans la guerre civile, une fois dans la maladie, que ta lumière fidèle a toujours accompagné mon ombre […]. » (Lettre publiée par Jean Gaudon, ouvrage cité, p. 278.)

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