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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Jersey, 24 janvier 1854, mardi après-midi, 3 h. ½

Il me semble, mon cher petit Toto, que vous manquez à vos plus saintes habitudes en ne venant pas me chercher par ce temps de chien pour aller faire une promenade dans les prés et les bois ? Où allons nous, si nous nous mettons à rester chez nous comme des êtres raisonnables, au lieu de patauger comme de simples barbets quand il pleut averse ? that this question, comme dirait l’Hamlet britannique s’il parlait le pur charabia comme vous et moi. En attendant, je sais que le bateau n’arrivera pas avant ce soir, ce qui m’empêche d’écrire d’avance la lettre d’avis de la mère Luthereau. Mais voilà la Suzarde qui m’annonce la Flamme blanche, ce qui modifie en mieux les renseignements que le père Babot avait donnés ce matin. Je dis, modifie en mieux, parce que j’espère que vous viendrez d’autant plus tôt que vous aurez vos lettres plus vite, ou plus vite vous les aurez plus tôt, ad libitum. Ramassez vos abattis après cela car ils doivent être un peu éparpillés par ce latin foudroyant. Du reste, mon petit homme, je ne veux pas que vous ayez une demi-confiance en moi, en cela comme pour le reste. Je veux tout ou rien. Il ne faut pas abuser de ma sincérité et de mon ignorance pour me dérober une partie de vous-même, quelle qu’ellea soit. Aussi j’entends, je prétends et je veux tout savoir de ce qui vous intéresse en ce monde et dans l’autre. Ce n’est qu’à cette condition que je me résigne à promener mes pattes de mouche dans le [ trente mille ?] de la restitus. Et à ce sujet j’espère que vous ne vous plaindrez pas de l’abondance des matières aujourd’hui ? Quant à la qualité, vous n’êtes pas assez bête pour vous en plaindre, Georges Toto [1] que vous êtes ?
Oh le charmant petit rayon de soleil verdâtre qui s’évanouit sur les palissades d’en face. Pauvre soleil ! On dirait qu’il tombe en syncope tant il est faible et lymphatique. Quant à moi, je vous aime à cœur [ tendre  ? tendu  ?] Telle est ma force. Juliette

BnF, Mss, NAF 16375, f. 39-40
Transcription de Bénédicte Duthion assistée de Chantal Brière

a) « quelqu’elle ».

Notes

[1Allusion à la formule de Molière, « Vous l’avez voulu, Georges Dandin ».

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