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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 19a décembre 1860, mercredi, 8 h. ½ du m.

Bonjour mon ineffable bien-aimé ; bonjour, avec tout ce que j’ai de plus tendre dans le cœur : bonjour, comment vas-tu ce matin, mon pauvre petit souffrant ? As-tu passé une bonne bonne nuit bien entière ? Ton mal de gorge est-il tout à fait bien partib ? Je t’attends avec impatience pour savoir si je peux me livrer à toutesc les joies de mon âme. Pourtant il ne faut pas te lever une minute plus tôt que d’habitude. Au contraire, il faut te reposer et te dorloterd le plus tard que tu pourras : en attendant je vais essayer tout à l’heure du ponçage et de l’étrille au risque d’y laisser ma peau d’âne. J’attends que le feu soit très allumé pour me livrer à cet exercice épileptique. Enfin, mon cher adoré, je tiens mes deux splendides l’images bien encadrées cette fois. Tom vient de les apporter. Tu pourras tantôt après ton déjeuner les faire présenter et même les faire poser tout à fait jusqu’à ce que tu aies le temps et la santé pour t’occuper des ornements des cadres. Quel que soit mon désir de te posséder de plus en plus et sous toutes les formes, cela ne va pas jusqu’à t’imposer un excès de fatigue ou même un mouvement d’impatience. D’ailleurs, j’ai de quoi prendre patience pour le reste en regardant ces deux miracles de dessins [1]. Que c’est beau, que c’est beau, que c’est donc beau, mon Dieu ! Quel bonheur !!!e Quel bonheur surtout si tu es tout à fait guéri ce matin. Oh ! Alors je ne désire plus rien que de te baiser depuis la tête jusqu’aux pieds.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 325
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) La date a été corrigée d’une autre main. Juliette Drouet avait écrit « 18 ».
b) « partie ».
c) « toute ».
d) « dorlotter ».
e) Les points d’exclamation courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1L’ouvrier Tom Gore a encadré deux lavis de Victor Hugo datant de la Deuxième République, offerts à Juliette Drouet. Ce dernier écrit dans son Agenda le 20 décembre : « On a posé chez JJ mes deux grands dessins – St Paul – et Gallia ». Et le 26 : « j’ai dessiné et peint pour JJ les trois cadres de Claire, du Coq et de St Paul » (CFL, t. XII, p. 1352). Gallia est une allégorie de la République dessiné avant l’exil et le second dessin, « St Paul représente une statue de St Paul au milieu de ruines avec la légende suivante inscrite dans un coin « non liber monet / non gladius servat » (“le livre n’avertit pas/ le glaive ne préserve pas”) ». (Jean-Marc Hovasse, ouvrage cité, t. II, p. 632).

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