Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1873 > Février > 26

Guernesey 26 février [18]73, mercredi, 7 h. 20 m.

Encore un nouveau tour de mon guignon familier, mon cher grand bien-aimé, qui fait que je suis restée au lit plus tard que d’habitude, juste le jour où, par exception, tu te lèves plus tôt. Cela m’attriste d’autant plus que je tenais doublement à cette rencontre de nos deux âmes aujourd’hui, jour de ton anniversaire de naissance qui, quoique tu en dises, est un jour férié pour le genre humain que tu guides et que tu éclaires par ton génie et pour moi dont tu es le culte et l’adoration. Mais, quels quea soient tous ces fâcheux contretemps, je fêterai ce jour béni entre tous ; tant pis si votre coquetterie en souffre auprès de vos nombreuses bonnes fortunes et tant mieux pour moi ! Moins il y en aura, plus je jujubilerai ! À ce propos j’ai déjà reçu pour vous un splendide bouquet et un camélia merveilleux de la part de Blanche et de Suzanne. J’espère que ce tribut d’admiration, loin de vous déplaire, vous sera agréable, c’est assez que les rebuffades soient pour moi. Ce soir, cependant, j’oserai présenter à ta signature mon cher petit Livre rouge [1], j’espère que tu lui feras un bon accueil. C’est sur lui que je compte pour me consoler de toutes mes déceptions de la matinée. En attendant j’associe toutes nos chères âmes d’en haut à mes prières pour toi et pour ta chère famille que j’aime et que je bénis de tout mon amour pour toi.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 55
Transcription de Maggy Lecomte assistée de Florence Naugrette

a) « quelque soit ».

Notes

[1Juliette conserve dans un livre rouge les mots que Hugo lui écrit pour leurs anniversaires. Daté de la veille, y figure ce mot de Hugo : « C’est une douce coïncidence que celle de ce mercredi charmant avec mon anniversaire du 26 février. C’est la renaissance se rencontrant avec la naissance. Car, tu le sais, et je te l’ai dit bien des fois, ô mon doux ange, je me suis senti renaître dans tes bras ; la vie profonde du cœur s’est emparée de moi, il y a eu une minute où nos deux âmes se sont baisées dans un éclair. N’oublions jamais ce moment suprême et sublime. Je suis à tes pieds. Je t’aime. » (édition citée de Gérard Pouchain, p. 185).

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne