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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 2 mai [18]77, mercredi soir, 6 h.

Cher bien-aimé, ma pensée, comme le zagal [1] espagnol, court derrière, devant et à côté de toi en faisant tintiller toutes les sonneries de mon cœur. J’espère que, sans gêne pour ton travail, tu lui souris de temps en temps. Il fait un temps charmant ce soir qui me tranquillise sur ta promenade en l’air [2]. Puisses-tu ne pas trop t’attarder, à cause de Paul Meurice et un peu pour moi aussi. J’ai le projet, si rien ne s’y oppose, de t’accompagner demain à Versailles. Cela m’a si bien réussi hier que je ne demande qu’à continuer, dût le service de la maison en souffrir un peu. Aujourd’hui je suis un peu en retard, précisément à cause de mon excursion de la veille. Aussi je me hâte de finir mon gribouillis pour être à mon poste au salon tout à l’heure. Donc, mon cher petit homme, je mets les baisers doubles et j’entasse des Pelions et des Ossas [3] de tendresse au risque de t’en étouffer et de t’en écraser sous leur poids.

BnF, Mss, NAF 16398, f. 120
Transcription de Guy Rosa

Notes

[1Jeune homme et, en particulier, jeune berger.

[2Entendons sur l’impériale d’un omnibus.

[3Les géants jumeaux Otos et Éphialte voulurent escalader le ciel en entassant le mont Ossa sur l’Olympe et le mont Pelion sur le mont Ossa. « Entasser Ossa sur Pelion » signifie se lancer dans une entreprise démesurée.

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