Paris, 30 avril [18]77, lundi soir, 6 h.
Je suis bien heureuse, mon cher petit homme, de n’avoir plus que quelques heures à attendre pour revoir tout ton cher petit clan [1]. Je suis doublement heureuse, à travers ton propre bonheur de Papapa. J’espère que je ne serai pas trop patraque demain matin pour lui souhaiter la bienvenue qu’il mérite, aussi je me dépêche de donner congé à tous mes bobos au moins pour toute cette journée-là. Il est possible, même, que je me couche ce soir plus tôt qu’à l’ordinaire afin de me reposer assez pour être un peu plus alerte que je ne le suis en ce moment. Hélas ! pendant que je pense à notre joie demain, je reçois un billet bien triste du pauvre bon Lesclide dans lequel il te remercie des bonnes paroles que tu lui as écrites hier. Il t’informe qu’il part ce soir avec le corps de sa pauvre femme qui a désiré être enterrée auprès de son père et de sa mère. Il pense qu’il ne sera que huit jours absent mais sa petite servante craint qu’il ne soit retenu à Bordeaux beaucoup plus longtemps, à cause des nombreuses affaires qui vont lui tomber sur les bras et dont Mme Lesclide s’occupait seule. Il te prie de lui permettre de t’écrire de là-bas [illis.]. Je me suis empressée de lui accorder en ton nom [illis.] tantôt de ta part de bonnes paroles pour les deux femmes [illis.] [bien à plaindre aussi ?].
BnF, Mss, NAF 16398, f. 118
Transcription de Guy Rosa