Paris, 28 avril [18]77, samedi soir, 2 h.
Si je n’avais pas été si souffrante ce matin, mon cher bien-aimé, je t’aurais prié de me laisser t’accompagner à l’enterrement de Mlle Louise Bertin afin de lui témoigner que je n’ai pas oublié les marques de sympathie qu’elle t’a montrées pour moi dans les premiers temps de notre amour. Mais, outre le mauvais état de ma santé aujourd’hui, j’ai craint que cela ne te gêne et je me suis abstenue de te le demander. J’espère que tu n’avais pas trop froid pendant cette longue et triste cérémonie d’église et de cimetière [1] ? Mais je ne serai vraiment rassurée de ce côté-là qu’après que je t’aurai revu. Il me semble que tu devrais être déjà de retour, à moins que tu ne sois allé, comme tu paraissais en avoir l’intention, jusque chez ton imprimeur Quantin. Tu vois, mon cher bien-aimé, que je tâche de me donner toutes les raisons possibles de sécurité et de patience ; de ton côté, mon grand petit homme, pense à moi et reviens le plus tôt que tu pourras. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 116
Transcription de Guy Rosa