Paris, 27 janvier [18]77, samedi matin, 10 h.
Je te remercie de ta bonne nuit, mon grand petit homme, qui s’ajuste si bien à la mienne. J’espère qu’il en est de même de ce qui se passe dans ton cœur et que ton amour s’emboite exactement avec le mien et l’enlacement de nos deux âmes aussi. Je serais si heureuse de faire une petite promenade avec toi tantôt que j’ai accepté avec empressement la proposition que tu m’en as fait faire tout à l’heure malgré les menaces de pluie et de neige qui flottent dans l’atmosphère. Mais comme je suppose que ce projet, un peu hasardeux peut-être aujourd’hui, ne dérange en rien ton travail, j’y persévère jusqu’à la fin du possible.
Paul de Saint-Victor m’écrit qu’il a le regret de ne pouvoir être des nôtres ce soir ; mais, comme compensation, heureuse entre toutes, nous aurons môsieur le Petit Georges et mademoiselle Bibiche [1], son inséparable. Je ne nous plains donc pas, au contraire ! Pendant que j’y pense, mon cher bien-aimé, je te signale dans le Charivari d’hier un article très remarquable de Scaramouche (Pierre Véron) où il est question de toi [2] . Je te l’ai mis de côté ainsi que plusieurs lettres et invitations plus ou moins insignifiantes avec lesquelles je te prie de ne pas confondre mon informe gribouillis.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 28
Transcription de Guy Rosa