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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 octobre 1861, jeudi matin, 7 h.

Bonjour, mon cher petit homme, bonjour je t’aime. J’espère que tu dors encore malgré que je me sois couchéea de bonne heure. Sans compter qu’il fait un petit froid qui vous acoquine volontiers au lit. As-tu fait une bonne promenade hier au soir, mon cher petit homme ? Tu n’étais pas rentré au moment où je me suis couchée, ce qui me fait croire que tu as prolongé ton passus avec plaisir malgré la nuit et l’humidité. Peut-être n’était-ce pas très prudent. Quant à moi, je me suis couchée avec confiance et j’ai dormi comme une marmotte jusqu’au matin. Je me suis levée de bonne heure pour avancer un peu le collationnement sur lequel je m’arrête plus qu’il ne le faudrait rigoureusement si je ne faisais que comparer les deux textes, mais j’ai tant de bonheur à relire tout ce livre admirable que je m’arrête à chaque instant pour jouir de l’impression que j’éprouve. Tout cela ne fait pas ton compte et tu serais en droit de me ficher des bons coups pour me faire aller plus vite. Heureusement tu n’es pas là et puis, mon adoré, je crois que mon enthousiasme ne nuit pas à mon travail au contraire. Et j’espère même qu’il n’en sera que mieux fait. Ah ! mon [1] Dieu ! j’ai dépassé ma limite ! Qu’est-ce que mon petit Toto va dire ? Je ne sais plus où j’en AI mais je continue jusqu’au bout au risque de me faire bougonner sur ma prolixité. Mon cher petit homme je vous aime plus de quatre cents milliards de pages voire même plus de dix cent mille et je vous baise à jet continu. Pardonnez-moi et battez-moi si vous voulez je ne vous en aimerai que davantage.

BnF, Mss, NAF 16382, f. 127
Transcription de Florence Naugrette

a) « couché ».

Notes

[1Ici, on passe de la 3e à la 4e page de la lettre. Or Juliette avait « promis », la veille, d’être plus brève désormais. Voir lettre précédente.

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