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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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20 janvier [1843], vendredi soir 5 h. ¾

Quelque diligence qu’on ait faite aujourd’hui, mon adoré, il a été impossible d’aller chercher le bois. Ce sera pour demain. Suzanne est dans ce moment-ci chez les dames Féau. [Faucher  ?] est payé, le charbon est venu et j’ai écrit à la mère Ledon de venir chercher son argent le plus tôt possible. J’attends l’huile à brûler et la note de M. Triger après quoi nous serons hors des dettes de l’année 1842. Moins Jourdain, cependant, mais celui-là peut attendre jusqu’au moment où il enlèvera les tapis. J’enverrai demain aussi porter l’argent à Mme Guérard afin d’être tout à fait au pair avec mes engagements. Je ferai très prochainement le compte du relevé que tu m’as demandé ainsi que le total de l’année 1842. Je t’assure que la semaine prochaine ne se passera pas que ce ne soit fait. J’aurais bien désiré que cette affaire Ribot soit terminée afin de jouir plus tôt de ton sacrifice et de ne plus entendre parler de ce vieux monstre. Il faut espérera que le D. [1] aura eu une réponse quelconque de cette caisse des consignations. Je saurai cela dimanche.
Je suis bien heureuse mon petit bien-aimé que tu sois venu ce matin mais il faudrait que ce bonheur si désiré ne soit pas acheté aub prix de toute une longue soirée de privation de te voir. Ça n’est pas juste. Et puis, je suis bien femme à avaler coup sur coup bien des heures, bien des jours et bien des nuits de bonheur sans boire et sans crier miséricorde au bout d’une ficelle. Je vous réponds que depuis le temps que je suis à la portion congrue, j’ai un appétit dévorant qu’il vous sera difficile de satisfaire, dussiez-vous y passer tout entier. J’espère mon cher petit homme que tu ne vas pas encore user de ton affreux procédé de ne pas venir ce soir ? Je t’assure, mon pauvre ange, que j’aime mieux souffler dans mes doigts, aller le cul tout nu et laisser hurler les créanciers que de mener la vie stupide de coq en pâte et d’eunuquec femelle, s’il y en a, et s’il n’y en a pas, je commence la race, que je mène depuis trop longtemps.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16351, f. 61-62
Transcription de Olivia Paploray assistée de Florence Naugrette

a) « espéré ».
b) « aux ».
c) « eunnuque ».

Notes

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