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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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13 août [1846], jeudi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon Toto bien-aimé, bonjour, mon petit homme chéri, bonjour, amour, joie et bonheur à toi. Je pense déjà au bonheur que j’aurai à aller te retrouver tantôt. Je voudrais déjà y être. C’est si bon et si doux d’être avec toi que je ferais tout ce qu’on voudrait pour avoir cette joie tous les jours. Tu ne sauras jamais combien je t’aime, mon Victor adoré. Tous les jours, je découvre moi-même de nouveaux horizons à mon amour. D’abord je t’ai aimé parce que je t’aimais, et puis ensuite je t’ai aimé parce que, parce que, parce que, parce que, parce que, parce que et parce que je t’aime. Chaque fois que ta pensée touche mon cœur, il tressaille de joie et de reconnaissance. Quand je te vois, j’oublie tous les chagrins que j’ai. Quand tu me souris, il me semble que je suis dans le paradis. Je ne peux pas te traduire ce que j’éprouve, mais je t’aime à rendre le bon Dieu jaloux. Je te verrai avant d’aller à l’Académie ; je vais préparer ton eau [1] tout à l’heure. Je suis si heureuse de m’occuper de toi, mon Victor adoré, que je voudrais en multiplier les occasions. Malheureusement, elles sont bien rares et bien bornées. J’y supplée à force de penser à toi et de te désirer.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 31-32
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette


13 août [1846], jeudi après-midi, 2 h. ¾

Pour être plus sûre encore de la sincérité de la réclamation de Dabat, j’ai revu une à une toutes ses factures depuis un an, et je n’ai trouvé de lui que celles mentionnées sur mon livre. D’abord, ces bottes ont été livrées fin avril et je suis partie le 2 mai à Auteuil. Depuis, toi et moi, nous avons été occupés de choses trop tristes pour avoir pensé à ces bottes. Je lui ai dit de venir en chercher l’argent samedi, parce que je sais que tu n’aimes pas à avoir des queues de compte ; et à ce sujet, je te fais souvenir que nous redevons 50 F. à Mme Sauvageot et 43 F. à Lafabrègue et 47 F. 20 s. à Mlle Féau. Maintenant, je te l’ai dit, j’aime mieux parler d’autre chose car ce n’est rien moins que drôle. Je vais donc aller vous attendre à Saint-Séverin, mon cher petit homme. J’aurais mieux aimé vous attendre plus près de l’Institut [2], mais je crains d’un autre côté qu’on nous remarque à Saint-Germain l’Auxerrois. Et puis il y a dans cette chapelle une peinture qui me fait mal [3]. Je t’attendrai dans cette nouvelle église avec l’espoir que tu ne m’y laisseras pas trop longtemps. D’ici-là, je te baise de la pensée et je suis impatiente d’être pendue à ton cher petit bras. Jour Toto, jour mon cher petit O. Papa est bien i et Juju l’adore de tout son cœur.

BnF, Mss, NAF 16364, f. 33-34
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Victor Hugo venait baigner ses yeux chez Juliette Drouet.

[2L’Institut : l’Académie Française.

[3À élucider.

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