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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 août 1846

8 août [1846], samedi soir, 10 h.

Ce n’est pas juste, mon Toto, de me reprendre ce soir le bonheur que vous m’avez donné tantôt et ça n’est pas généreux. Quand vous viendrez, je vous ferai une fameuse scène. Cher bien-aimé, je vous aime et je trouve le temps bien long en vous attendant. Cependant je n’étais pas seule mais rien ne peut tromper ni distraire mon impatience quand je t’attends. M. Vilain est venu à 9 h. ½ chercher Eugénie et d’après ce qu’elle lui a dit pour M. Cuvillier-Fleury, il n’a pas emporté sa selle, parce qu’ils devaient aller tous les deux ce soir au Palais-Royal pour s’informer de la distance du château de Villiers et des moyens de s’y transporter. Il n’est resté qu’une minute. Il a emporté le portrait de Claire pour travailler à son médaillon d’après lui. J’ai suivi ton bon conseil et je n’ai pas encore pris jour ni époque pour voir ce médaillon. Je crois que cela me serait trop pénible dans ce moment-ci. Du reste, il s’est prêté, avec toute la bonne grâce possible à cet ajournement. On n’est pas plus complaisant, plus doux et plus reconnaissant que ce jeune homme. Mon Victor chéri, mon bien-aimé, je te bénis et je t’aime de toutes mes forces. Je ferai ce que tu veux et de mon mieux jusqu’au mois d’octobre prochain et plus longtemps et toujours même s’il le faut. Je suis trop heureuse qu’il soit en mon pouvoir de contribuer pour si peu que ce soit à ta tranquillité. Je voudrais pouvoir te donner ma vie en une seule fois. Je t’aime mon Victor, je t’aime, je t’aime, je t’aime. Quelle ravissante promenade nous avons faite tantôt. Je ne sentais pas que je marchais depuis près de quatre heures, tant j’étais heureuse. Merci mon Victor adoré, merci mon amour ravissant, merci de tout mon cœur et mille millions de baisers à toi.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16364, f. 17-18
Transcription de Marion Andrieux assistée de Florence Naugrette

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