Paris, 7 mars 1880, dimanche après-midi, 1 h.
Cher bien-aimé, je me suis laisséa distancer par l’arriéré de la journée d’hier que nous avons passé loin de la maison, stérilement, toi au Sénat, moi enfermée dans ton fiacre. Il m’a fallu revenir sur les mille tracasseries du ménage que je n’avais pas eu le temps de régler et de boucler. Enfin, m’en voici débarrassée ainsi que de celles d’aujourd’hui, et j’en fais profiter séance tenante ma pauvre chère petite restitus. Je ne sais pas si tu voudras sortir tantôt à cause du temps incertain qu’il fait, et surtout à cause de ta correspondance préparée déjà par Lesclide, et pour laquelle il doit revenir tout à l’heure. À ce propos, je viens d’apprendre que M. et Mme Lockroy sont invités à dîner jeudi prochain à l’Élysée, ce qui empêchera probablement leurs amis, MM. et Mmes Dorian, de dîner avec nous, et avec Émile Augier et Sarcey [1] ce jour-là. Il faudra que tu arrives à combler tous ces vides par d’autres invitations, si tu le juges utile. Quant à moi je n’ai besoin de rien ni de personne quand j’ai l’honneur et le bonheur d’être avec toi.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 68
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « laissée »