Paris, 9 juillet [1880], vendredi matin, 8 h.
Si tu es content de ta nuit, je le suis de la mienne ; si tu m’aimes, je t’adore et alors tout est bien. Parmi les lettres venues ce matin il y en a une d’Emmanuel des Essarts qui te supplie de lui venir en aide auprès de Jules Ferry pour lui faire obtenir la croix à laquelle ses travaux littéraires, ses longs services dans l’enseignement et son patriotisme éprouvé lui donnent droit. Il te supplie de lui faire obtenir cette marque honorifique, ce qui dépend de toi, à ce qu’il croit ; peut-être a-t-il raison. Je me promets d’appuyer sa demande, non pour toutes ces raisons qui m’échappent, mais pour l’ardente admiration qu’il t’a toujours fidèlement témoignée en toute occasion publique et privée [1]. Et puis je sais que cela fera un grand plaisir à Louis Koch dont il est l’ami particulier. Enfin, mon cher bien-aimé, puisqu’il y a des croix dans l’air à l’occasion du 14 juillet, tâche d’en faire tomber une sur la poitrine de cet honnête et laborieux travailleur des lettres. Enfin, et pour me résumer, pardonne-moi cette immixtion dans des choses qui ne me regardenta pas et aime-moi de tout ton cher grand cœur autant que le mien t’admire, te vénère et t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 183
Transcription d’Emma Antraygues et Claire Josselin
a) « regarde ».